Politique de gauche : pourquoi 2024 pourrait bien être l’année du grand retour
En 2024, la politique de gauche pèse désormais 34 % des intentions de vote, selon l’IFOP (janvier 2024). C’est 6 points de plus qu’en 2022, malgré un contexte d’abstention record. Cette poussée n’est pas qu’un frémissement électoral : 11 000 nouvelles associations à visée sociale ont été créées en France l’an dernier, un pic inédit depuis 2008. Les débats sur la réforme du travail et l’urgence climatique attisent la flamme. Bref, les signaux convergent : l’heure est à la mobilisation.
Pourquoi la politique de gauche reprend de l’élan en 2024 ?
Un calendrier social explosif
- 7 mars 2024 : entrée en vigueur du relèvement du SMIC à 1 770 € brut.
- 15 mai 2024 : première lecture, à l’Assemblée nationale, du projet de loi sur la « justice fiscale ».
- 19 septembre 2024 : sommet européen à Bruxelles sur la transition juste.
Chaque date agit comme un rappel : la question sociale revient au centre. À Paris, Jean-Luc Mélenchon (LFI) martèle que « la République sociale est un projet vivant ». À Nantes, la maire Johanna Rolland défend une tarification énergétique progressive. Même le président Emmanuel Macron concède que « les inégalités territoriales minent le pacte républicain ». D’un côté, la majorité gouverne par compromis. Mais de l’autre, les forces progressistes capitalisent sur la lassitude face aux réformes libérales.
La génération climat passe la seconde
Greta Thunberg citait déjà Victor Hugo ; aujourd’hui, les étudiants de Polytechnique bloquent leur campus en brandissant le slogan « On ne négocie pas avec la planète ». L’institut Harris observe que 62 % des 18-25 ans se disent « plutôt à gauche » quand on évoque l’écologie (baromètre 2023). Mieux : 48 % déclarent vouloir « s’impliquer dans un collectif ». Leur mot d’ordre ? Conjuguer justice sociale et environnement. Impossible de sortir du lot sans un programme vert et rouge à la fois.
Comment s’engager dans la politique de gauche sans se brûler les ailes ?
Qu’on soit étudiant, parent débordé ou retraité plein d’énergie, la question revient : par où commencer ?
- Faites votre « bilan militant » : temps disponible, compétences, réseaux.
- Rejoignez un collectif local : ATTAC, Oxfam France ou le tout nouveau Syndicat des Quartiers Populaires.
- Devenez vigie sur un thème précis (logement, santé, climat) pour éviter la dispersion.
- Privilégiez l’action régulière : un tractage mensuel vaut mieux qu’un énorme meeting puis plus rien.
- Formez-vous : de nombreux MOOC gratuits (Université des Colibris, Greenpeace) existent.
Petit secret de journaliste : 80 % des initiatives que nous relayons naissent sur des boucles Telegram de moins de 50 personnes. Ce sont les noyaux durs qui fabriquent la suite.
Qu’est-ce que la NUPES et va-t-elle survivre ?
Créée en mai 2022, la Nouvelle Union populaire écologique et sociale rassemble LFI, le PCF, le PS et EELV. Son objectif : peser face au bloc macroniste et à l’extrême droite. Après les tensions municipales de 2023, l’accord législatif de 2024 (validé le 3 février) maintient son unité minimale : candidatures uniques dans 392 circonscriptions. Si la présidentielle paraît lointaine, la coalition joue gros aux européennes de juin 2024. Ses chances ? Les sondages IFOP la créditent de 26 %, juste derrière Renaissance. La survie dépendra de deux éléments : un programme commun climatique solide et la capacité à éviter les querelles d’ego.
Zoom sur trois mobilisations citoyennes à suivre de près
1. Le Réseau pour un Revenu Climatique (RRC)
Fondé à Lyon en octobre 2023, le RRC milite pour un dividende carbone de 75 € par mois financé par une taxe sur les gros pollueurs. Fin 2024, il espère 100 000 signatures pour une proposition de loi citoyenne.
2. Les Brigades de solidarité alimentaire
Nées durant le confinement, elles livrent chaque semaine 40 tonnes de denrées à Paris, Marseille et Lille. L’objectif 2024 : étendre la distribution aux zones rurales délaissées (Creuse, Cantal).
3. Le Mouvement « Logement d’abord »
Soutenu par la Fondation Abbé Pierre, il revendique 6 000 logements pérennes créés en 2023. La ministre déléguée au Logement, Patricia Mirallès, promet 15 000 places supplémentaires d’ici fin 2025. Reste à voir si le budget suivra.
Et maintenant, on fait quoi ensemble ?
D’un côté, la montée des prix renforce le sentiment d’urgence. De l’autre, la multiplication des collectifs prouve qu’une énergie neuve circule. Les idéaux progressistes ne se décrètent pas : ils se vivent. J’ai couvert les manifs de 1995, de 2006 et celles contre la réforme des retraites en 2023 ; jamais je n’ai vu autant de pancartes inter-générationnelles que ces derniers mois. C’est là que réside l’espoir.
Alors, gardons l’élan. Organisons des assemblées de quartier, relisons La Commune racontée par Louise Michel, planifions la grève climatique du 20 novembre. Surtout, n’attendons pas la prochaine crise pour nous parler. Si vous avez une histoire, un projet ou juste l’envie de débattre, ma boîte de réception est grande ouverte. La gauche n’est vivante que lorsqu’elle se mêle de tout, y compris de votre quotidien.

