Programme de la droite 2024 : promesses, chiffres et stratégies

par | Oct 7, 2025 | Politique

Programme de la droite : l’expression fait déjà grimper les requêtes Google, et pour cause ! Selon un sondage IFOP publié en février 2024, 42 % des Français se déclarent « plutôt de droite ». C’est 5 points de plus qu’en 2019, année des Gilets jaunes. Autant dire que le terrain électoral se réchauffe plus vite qu’un mois de juillet à Marseille. Alors, que contiennent vraiment les promesses conservatrices ? Accrochez vos ceintures, on démonte le moteur pièce par pièce.

Programme de la droite française : état des lieux 2024

Entre Les Républicains (LR) d’Éric Ciotti et le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen, la droite ressemble à un Rubik’s Cube mal réglé. Pourtant, quelques lignes fortes se dessinent.

  • Fiscalité : baisse d’impôt sur le revenu de 2 points proposée par LR, flat tax élargie à 30 % chez Reconquête d’Éric Zemmour, suppression totale de la taxe foncière pour les seniors au RN.
  • Sécurité : création de 20 000 places de prison (loi de programmation pénitentiaire, votée au Sénat en 2023), police municipale armée partout d’ici 2027 chez LR, présomption de légitime défense pour les forces de l’ordre côté RN.
  • Immigration : quotas constitutionnels (projet Ciotti, juillet 2023), arrêt du droit du sol au RN, visa temporaire conditionnel au travail chez Horizons, l’allié macronien sur la droite républicaine.
  • Pouvoir d’achat : exonération de charges pour les heures supplémentaires (mesure déjà relancée par la loi Pouvoir d’achat 2022), TVA à 5,5 % sur l’énergie proposée par le RN, « prime travail » défiscalisée chez LR.

D’un côté, on retrouve la tradition gaullo-libérale : moins d’impôts, plus d’ordre. Mais de l’autre, la poussée nationale-populiste remet la préférence nationale au centre du ring. Résultat : la droite parle plus fort qu’elle n’avance unie.

Les chiffres qui comptent

  • 43 milliards d’euros : coût estimé par l’Institut Montaigne de l’ensemble des baisses d’impôts promises par LR pour le quinquennat 2027-2032.
  • 32 000 : nombre de reconduites à la frontière en 2023, record depuis dix ans, mais très en-deçà des 100 000 visées dans les programmes RN et Reconquête.
  • 75 % : part des maires LR réélus dès le premier tour en 2020, preuve que l’ancrage local demeure leur meilleure carte.

Pourquoi la droite traditionnelle peine-t-elle à séduire la jeunesse ?

La question brûle les lèvres des stratèges de la rue de Vaugirard. Malgré un TikTok relooké et quelques reels de Valérie Pécresse en hoodie, les 18-24 ans penchent seulement à 21 % pour LR (Ipsos, mars 2024). Pourquoi ?

  1. Le vocabulaire : parler de « frein à main budgétaire » dans une story de 15 secondes, c’est comme citer Tocqueville à un apéro étudiant.
  2. L’imaginaire : la droite classique défend la propriété privée quand la Gen Z rêve d’abonnements et d’usage partagé.
  3. Les marqueurs sociétaux : ouverture sur le mariage pour tous tardive, crispations sur la GPA ; le décalage se voit autant qu’un smoking au Hellfest.

Pourtant, tout n’est pas perdu. Une enquête GénérationLibre 2023 montre que 58 % des 18-29 ans sont favorables à la retraite par capitalisation, thème très conservateur. Autrement dit, la terre est fertile, mais la semence communicationnelle manque de peps.

Des idées neuves en test

  • Micro-crédit pour l’installation rurale (proposition Aurélien Pradié).
  • Service civique « numérique » dédié à la cybersécurité, suggéré par le député LR Antoine Vermorel-Marques.
  • Référendum d’initiative citoyenne encadré, version Ciotti, pour capter l’aspiration participative.

Stratégies électorales 2024-2027 : quelles alliances à droite ?

Les élections européennes de juin 2024 servent de crash-test. LR part seul, espérant franchir le seuil psychologique des 10 %. Le RN vise la première place devant Renaissance, capitalisant sur ses 23 eurodéputés actuels. En coulisse, deux scénarios se dessinent pour la présidentielle :

  • Alliance « droite classique + centre droit » : Gérard Larcher et Édouard Philippe rêvent d’un ticket Sénat-Hôtel de Ville, capable de siphonner Macronie et Républicains.
  • Bloc « droite dure + populistes » : Marine Le Pen prépare une coalition à l’italienne façon Giorgia Meloni, incluant Reconquête et Debout la France.

Quid du fameux « front républicain » ? Fatigué. Un sondage Elabe (janvier 2024) indique que 55 % des sympathisants LR accepteraient de voter RN au second tour face à la gauche radicale. La digue a des fissures plus larges qu’un trottoir parisien après travaux.

La mécanique des circonscriptions

Les législatives 2027 seront jouées à la calculette :

  • 577 sièges, majorité absolue à 289.
  • En 2022, la droite (hors majorité présidentielle) n’a obtenu que 149 sièges.
  • Un accord de désistement LR-RN dans 60 circonscriptions clés offrirait statistiquement 40 sièges supplémentaires (projection Observatoire de la vie politique, 2024).

Nouvelles figures conservatrices : renouveau ou mirage ?

Les médias adorent les visages neufs ; les électeurs, eux, demandent des CV solides. Tour d’horizon express.

  • Marion Maréchal : 34 ans, tête de liste Reconquête aux européennes. Atout : verve identitaire. Risque : cannibalise l’électorat RN sans dépasser 8 %.
  • Sarah El Haïry : ex-secrétaire d’État et macroniste de centre droit. Stratégie : conjuguer écologie positive et patriotisme économique.
  • François-Xavier Bellamy : prof de philo, eurodéputé LR. Force : crédibilité intellectuelle. Faiblesse : manque de punch médiatique.
  • Général Pierre de Villiers : toujours sur le banc de touche, mais 41 % des électeurs de droite (Odoxa 2023) aimeraient le voir candidat.

D’un côté, cette jeune garde offre un storytelling rafraîchissant. Mais de l’autre, les barons locaux, de Laurent Wauquiez à Jean-François Copé, tiennent l’appareil. Le clash générationnel promet quelques soirées animées dans les couloirs de l’Assemblée.

Qu’est-ce que la « droite conservatrice 3.0 » ?

C’est la tentative d’injecter dans le logiciel classique : souveraineté numérique, décroissance carbonée (oui, même à droite !), et défense des valeurs sans tabou identitaire. Un cocktail à la fois rebooté et vintage, façon Stranger Things revisité par Tocqueville.


Vous voilà armés pour briller lors du prochain dîner enflammé (ou pour survivre aux files d’attente devant un bureau de vote). Si ces angles vous donnent envie de creuser fiscalité locale, souveraineté énergétique ou encore impact de l’IA sur nos institutions, restez dans les parages : la politique de droite réserve toujours une twist finale au moment où l’on s’y attend le moins.