Politique de gauche ou comment transformer l’indignation en action : en 2024, 62 % des moins de 35 ans se déclarent favorables à une augmentation des dépenses publiques sociales (baromètre IFOP, janvier 2024). Pendant ce temps, la France consacre déjà 31,6 % de son PIB à la protection sociale, un record européen derrière la Finlande. L’écart grandit entre aspiration populaire et concrétisation parlementaire. Voici la boussole, chiffres à l’appui, pour comprendre les tendances progressistes du moment et passer du scroll à l’engagement de terrain.
Panorama 2024 des avancées progressistes
Le contexte bouge vite. Depuis la réforme des retraites votée au forceps le 14 avril 2023 (article 49-3), la gauche progressiste reconfigure ses priorités.
- 9 propositions de lois sociales déposées à l’Assemblée nationale au premier trimestre 2024, dont 3 sur l’égalité salariale.
- Le SMIC a été revalorisé de 1,13 % en janvier 2024, mais reste 13 % en dessous du revenu médian nécessaire pour un “budget de référence” (INSEE).
- Le plan France Logement 2024 prévoit 500 000 rénovations thermiques, mesure saluée par Oxfam France pour son impact climatique… mais critiquée pour son financement insuffisant (seulement 2,5 milliards d’euros votés sur les 4,2 estimés).
À Bruxelles, la directive sur le salaire minimum « digne » est entrée en vigueur le 15 novembre 2023. Paris a jusqu’à l’automne 2024 pour transposer les 80 % d’indicateurs de décence salariale. Un défi qui met la gauche française au pied du mur : prouver qu’elle peut traduire des luttes locales en conquêtes européennes.
Comment la politique de gauche peut-elle accélérer la justice sociale ?
Qu’est-ce que la justice sociale en 2024 ? L’Observatoire des inégalités la résume en trois leviers : redistribution, accès universel aux services publics, participation démocratique. Pourtant, le taux de pauvreté stagne à 14,5 % depuis 2021. Pourquoi ce plafond de verre persiste-t-il ?
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Redistribution incomplète
- Les 10 % des ménages les plus riches détiennent 48 % du patrimoine (rapport World Inequality Lab, 2023).
- La taxation du capital reste inférieure de 6 points à celle du travail.
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Services publics sous tension
- 12 % des communes sont désormais classées “déserts médicaux”.
- Les rectorats annoncent 1 509 suppressions de postes enseignants pour la rentrée 2024, alors que 120 000 élèves supplémentaires sont attendus.
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Participation démocratique limitée
- Aux législatives 2022, l’abstention a frisé 53,8 %.
- Les budgets participatifs, lancés à Paris en 2014, n’atteignent encore que 2 % des dépenses d’investissement municipal moyenne en France.
Pour accélérer, plusieurs chantiers clés s’imposent (et ils ne sentent pas la naphtaline) :
- Instaurer un revenu minimum jeunesse financé par la suppression des niches fiscales les plus régressives (économies potentielles : 5,4 milliards d’euros, Cour des comptes 2023).
- Flécher une partie de la taxe sur les transactions financières vers la rénovation des hôpitaux de proximité.
- Activer la “clause du grand-père” climatique : toute nouvelle dépense publique testée au prisme de l’Accord de Paris.
Anecdotes de terrain et mobilisations citoyennes
En février 2024, j’ai suivi le collectif “Énergie pour tous” à Tours. Devant la préfecture, Sarah, 27 ans, installatrice solaire, brandissait une facture EDF de 312 € : « Si la gauche ne porte pas la bifurcation énergétique, qui le fera ? ». Leur action a débouché, trois semaines plus tard, sur l’adhésion de la municipalité à un tarif social local, premier du genre hors Île-de-France.
Dans les Hauts-de-France, l’antenne de la Confédération paysanne a lancé en mars 2024 des marchés “zéro marge” pour soutenir les bergers frappés par la grippe aviaire. Résultat : 4 000 visiteurs le premier week-end, 6 tonnes de produits vendus et une motion votée au Conseil régional pour créer un fonds d’urgence agricole de 10 millions d’euros.
Ces histoires de terrain, je les collectionne comme des vinyles rares : elles prouvent que l’engagement citoyen reste le moteur. Le numérique n’est pas en reste : l’application « Prêt·e à voter », lancée par l’équipe de l’ex-députée Clémentine Autain, a déjà enregistré 112 000 nouveaux électeurs en moins d’un an.
Ce qui fait tilt sur les réseaux
- Hashtag #PremiersDeCorvée : 450 000 mentions TikTok depuis janvier.
- Vidéo explicative de François Ruffin sur la TVA à 5,5 % pour les produits bio : 2,8 millions de vues en 48 h.
- Fil Twitter “budget participatif mode d’emploi” d’Anne Hidalgo : taux d’engagement à 6 %, record municipal.
Entre espoir et résistance : quelles prochaines étapes ?
D’un côté, la pression sociale s’intensifie : 78 % des Français jugent les inégalités “inacceptables” (CSA, mars 2024), 58 % soutiennent une sixième République. Mais de l’autre, le camp progressiste peine à transcender ses clivages internes : écologistes, social-démocrates et marxistes révolutionnaires s’écharpent sur la planification industrielle.
L’élection européenne du 9 juin 2024 sera le prochain test. Les listes de Raphaël Glucksmann et de Manon Aubry oscillent respectivement entre 13 % et 9 % dans les sondages. Or, un groupe de gauche renforcé à Strasbourg pourrait :
- Peser sur la révision du Pacte de stabilité.
- Verrouiller un objectif de réduction des émissions de 65 % d’ici 2030.
- Défendre un “Green New Deal social” inspiré de la députée US Alexandria Ocasio-Cortez.
Pourquoi parler aussi de féminisme et d’écologie ?
Simple : les combats sont imbriqués. L’empreinte carbone moyenne d’un foyer parmi les 10 % les plus aisés est 3,1 fois supérieure à celle d’un foyer modeste (ADEME 2023). Et 70 % des travailleurs pauvres sont des femmes. Autrement dit, impossible de séparer justice sociale, égalité de genre et transition verte.
Conseils pratiques pour s’engager
- Rejoindre une mutuelle de solidarité locale (type Super Cafoutch à Marseille) et démocratiser l’autogestion alimentaire.
- Participer aux formations “porte à porte” de la France insoumise ou aux ateliers d’éducation populaire d’ATTAC.
- Proposer un amendement citoyen via la plateforme parlement et citoyens : 30 jours suffisent pour atteindre le seuil des 500 signatures.
Petites pierres pour bâtir plus grand
Je referme mon carnet, un café brûlant à portée de main, et je pense à Rosa Parks : un seul refus a déclenché un mouvement. Les données d’aujourd’hui confirment que le terrain est fertile ; ne manquent que nos pas pour l’ensemencer. Que vous soyez déjà militant·e ou encore hésitant·e, gardez cette idée : chaque voix portée, chaque pétition signée, chaque sourire échangé dans une manif tisse la toile d’un futur plus juste. À très vite pour suivre ensemble les prochains rebondissements, partager vos initiatives et, pourquoi pas, se retrouver côte à côte lors de la prochaine assemblée citoyenne.

