Politique de droite : en juin 2024, 41 % des électeurs français se déclarent « plutôt ou très proches » des idées conservatrices, selon l’IFOP. C’est trois points de plus qu’en 2022, malgré une abstention record à 47 %. Surprise : 29 % des 18-24 ans se disent séduits par les programmes de droite, un pic inédit depuis 1986. Les chiffres mentent rarement. Plongée immédiate dans les rouages d’une famille politique en recomposition accélérée.
Panorama chiffré : où en est la droite française en 2024
La droite française n’a jamais été un bloc homogène. Depuis la déroute de 2017, elle oscille entre sursaut et fragmentation. Quelques repères solides :
- 2022 : Les Républicains (LR) plafonnent à 4,78 % à la présidentielle, mais conservent 62 sièges à l’Assemblée nationale.
- Mars 2023 : première convention commune LR-UDI sur « l’ordre et la prospérité » à Nîmes, 1 800 participants.
- Décembre 2023 : Éric Ciotti annonce un plan de refonte doctrinale baptisé « France d’abord, Europe ensuite ».
- Février 2024 : création du mouvement « Horizon 2027 » par Valérie Pécresse, axé sur la rigueur budgétaire et la transition énergétique.
Ces dates soulignent la bataille d’hégémonie à droite. D’un côté, la ligne libérale-conservatrice (réduction de la dépense publique, souveraineté), de l’autre, l’aile plus sociale portée par Aurélien Pradié, obsédée par la fracture territoriale.
Le cap économique
Les programmes convergent sur trois priorités : baisser la fiscalité de production, rétablir l’équilibre des comptes avant 2030, renforcer la réindustrialisation (le « Made in France » cher à Nicolas Sarkozy). En chiffres : 57 milliards d’euros d’économies annuelles sont jugés nécessaires par la Fondation iFRAP pour atteindre cet objectif. Reste à dire où couper. Sur ce point, la droite reste prudente. Et parfois brouillonne.
Un électorat fragmenté
Le politologue Jérôme Fourquet décrit « trois droites » :
- La droite urbaine, diplômée, séduite par l’ordre comptable.
- La droite des périphéries, plus attachée à la protection des services publics.
- La droite souverainiste, rétive à toute tutelle européenne.
Cette segmentation oblige les leaders à manier la boussole avec plus d’adresse qu’Ulysse face aux sirènes.
Comment la droite redéfinit-elle son positionnement en 2024 ?
Question clé des moteurs de recherche : « Comment la droite s’adapte-t-elle à l’ère post-Macron ? » Réponse en cinq signaux forts.
- Réarmement idéologique : le think tank Fondapol relance, depuis juillet 2023, des « ateliers du conservatisme » mêlant philosophes et start-upers.
- Inflation thématique : rénovation énergétique, souveraineté numérique et natalité trustent désormais les premières pages des programmes.
- Alliance assumée avec la société civile : en avril 2024, le Medef comme la FNSEA ont signé des chartes communes avec LR pour préparer les européennes.
- Communication short-form : 73 % des députés de droite publient désormais des vidéos de moins de 60 secondes sur TikTok.
- Féminisation : 42 % des cadres LR sont des femmes en 2024, contre 28 % en 2019.
Qu’est-ce que le néo-conservatisme version 2024 ? C’est le croisement entre l’orthodoxie budgétaire à l’allemande, la défense de la ruralité façon Philippe de Villiers et le « capitalisme des parties prenantes » popularisé par l’OCDE. Autrement dit, un patchwork pensé pour séduire à la fois l’épargnant de la place Vendôme et l’agriculteur du Cantal.
D’un côté… mais de l’autre…
D’un côté, la droite appelle à « libérer les énergies » en simplifiant le Code du travail. Mais de l’autre, elle plaide pour un État fort sur les questions régaliennes : police, frontières, école. Cette tension n’est pas nouvelle ; elle rappelle le débat Georges Pompidou / Jacques Chaban-Delmas de 1969 sur la « Nouvelle Société ». L’Histoire bégaie, le marketing politique aussi.
Stratégies électorales : des primaires aux réseaux sociaux
La droite a longtemps cru à la magie des primaires ouvertes. Le fiasco de 2022 l’a vaccinée. Place aux « mini-congrès décentralisés ». Objectif : saturer le terrain et laisser l’impression de proximité.
Terrain et porte-à-porte 3.0
- Application mobile « Militant+ » (lancée en janvier 2024) : géolocalisation des indécis, scripts de porte-à-porte personnalisés.
- Micro-donations : moyenne de 14 € par donateur sur le premier trimestre 2024, dopée par le plafonnement fiscal à 7 500 €.
- Datavisualisation : tableaux de bord en temps réel pour repérer les cantons à 500 voix près.
Les meetings restent un rituel incontournable. 12 000 personnes à Toulon pour Jordan Bardella en mars 2024 : la preuve qu’un bon riff de guitare politique se joue encore en analogique.
Les réseaux sociaux comme laboratoire d’idées
TikTok, Instagram Reels, Twitch : la droite investit ces plateformes avec une aisance nouvelle. Le sénateur Bruno Retailleau anime chaque mardi un live de 30 minutes sur la réforme institutionnelle. Résultat : 38 000 vues hebdo en moyenne, un score supérieur aux rendez-vous politiques de LCP. Ça n’efface pas les débats sur France 2, mais ça change la cadence.
Portraits de nouvelles figures conservatrices
Marchons un instant hors des sentiers battus de la Ve République. Trois visages émergent, aussi différents qu’instructifs.
Sarah Tanzilli, 36 ans
Conseillère régionale Auvergne-Rhône-Alpes, elle a conquis son siège en misant sur la cybersécurité et l’apprentissage. Son slogan : « Protect, code, repeat ». Une geek à droite ? Oui, et ça décoiffe les vieux routiers.
Olivier Marleix, 53 ans
Président du groupe LR à l’Assemblée, discret mais influent. Son cheval de bataille : la « souveraineté actionnariale » pour éviter les OPA étrangères. Depuis février 2024, il travaille sur un fonds de garantie de 10 milliards d’euros pour les PME stratégiques.
Amina Rahmani, 29 ans
Ancienne miss Côte-d’Or, devenue avocate. Elle mène une campagne municipale à Dijon sur le triptyque sécurité-tourisme-culture. Sa dernière punchline : « La tolérance, oui ; la faiblesse, non. » Les réseaux sociaux raffolent.
Ces parcours illustrent la mutation sociologique de la droite : plus féminine, plus jeune, plus connectée.
Pourquoi la droite reste-t-elle incontournable dans le débat sécuritaire ?
La question revient chaque semaine dans mes courriels. Voici la réponse factuelle.
- 68 % des Français jugent la droite « plus crédible » sur la sécurité (baromètre IPSOS, avril 2024).
- Les dépenses en sécurité intérieure ont augmenté de 1,6 milliard d’euros sous Emmanuel Macron, mais la droite réclame +3 milliards pour atteindre le ratio allemand (370 € par habitant).
- Les maires LR gèrent sept des dix villes les mieux classées en taux de résolution d’enquêtes criminelles.
L’héritage gaulliste pèse toujours. Le storytelling autour de la figure du « chef » aussi. Bref, la droite conserve un avantage quasi historique sur ce terrain.
Je pourrais continuer des heures, mais je m’arrête là pour aujourd’hui. Si ces coulisses de la maison conservatrice vous ont éclairé — ou fait sourire —, je vous invite à garder l’œil ouvert : d’autres dossiers viendront, qu’il s’agisse d’immigration, d’économie numérique ou de transition écologique. La politique, surtout à droite, n’a pas fini de nous surprendre.

